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Eau et gaz à tous les étages

11 octobre 2010

Ouverture de chacras, adjuvants utilisés "côtesdu Rhone et benzodiazepine"

Céline, il faut que je te raconte ma soirée, en deux mots. j'ai imaginé, dans mon bain, te faire une proposition!!! Tout d'abord, il faut que je développe "dans mon bain", je ne prends JAMAIS de bain, va savoir pourquoi, ce soir aprés m'être douché, plutôt que de fermer le mitigeur, j'ai bouché l'évacuation d'eau de la baignoire, y ai vidé une bouteille de saforelle, provoqué un tsunami de mousse en donnant des coups de pieds dans l'eau chaude et m'y suis allongé. Au bout de longues minutes, le niveau d'eau était suffisant pour que je puisse m'immerger complètement, ne laissant hors de l'eau,  dans l'atmosphère fraiche de la pièce, que mon visage. J'ai longtemps pensé à la conversation que nous avons entamés cet aprés-midi alors que tu savourais ta clope et dont, en y réflechissant, le sujet principal était notre fatigue mutuelle. En cogitant sur ma propre fatigue, dans ce bain inhabituel, j'ai soudain pris conscience d'un ou de quelques uns de mes besoins, je te cause ici de besoins fondamentaux, ceux qu'en général nous identifions, souvent pour y répondre,  chez les autres mais rarement, pour ne pas dire jamais pour soi même. Je fais une parenthèse sur le bain, ce soir j'ai également beaucoup pensé à ma mère qui est, comme tu le sais, hospitalisée. Le médecin , tout à l'heure, m'annonce qu'elle fait une anémie inquiétante et qu'il faut faire des examens complémentaires, je ne connais que trop bien ce type de discours et donc j'interprète!!!... Le bain donc, j'ai pris conscience un instant du besoin de flottaison, d'immersion dans un liquide chaud, de troubler mon ouïe et ma vision au travers de cette enveloppe primitive, je crois que c'est la crainte de perdre ma mère qui m'a conduit à rechercher ses sensations enfouies dans mon inconscient, je ferme la parenthèse balnéaire. Je me suis ensuite amusé à cracher en l'air pour essayer d'atteindre le plafond en essayant d'éviter la salive qui retombait dans le bain, je suis parfois un sale gosse, j'assume!!! Puis, va savoir par quels méandres synaptiques m'est venu un idée, l'idée de te proposer un truc (j'ai pas d'autres mots que truc dans mon vocabulaire), je ne t'en parle pas par mail interposé et je ne sais même pas si je vais oser aborder le sujet de vive voix avec toi, je te promets d'essayer. Quand aux besoins identifiés, il s'agit un peu de sommeil mais surtout de peau à peau, de touchers,  de caresses, ne te méprends pas, il ne s'agit pas de fantasmes, c'est beaucoup plus simple que ça. Voila, j'ai encore une chose que je voudrais te dire, ça concerne ton regard et ton sourire, j'espère que tu bosses demain, je t'embrasse à demain...

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7 octobre 2010

Leucémie mon amie...

A chaque jour suffit sa pancytopénie...
Pourquoi faut-il que systématiquement, le blanc des yeux s'injecte de sang rouge écarlate, cela rend difficile l'interprétation du regard. J'ai certainement remarqué en fixant les yeux de cette jeune fille un désir de se battre et de vivre, mais embué dans un voile rouge,  j'ai du soutenir le regard pour me rendre compte de sa detresse. "Papa, où est mon père, je veux mon Papa!!" de cette manière, elle a rompu le silence, pendant que C. l'infirmière essayait de colmater le point de ponction de son catheter artériel qui innondait le drap du lit de ce  sang rebelle qui l'avait arrêtée dans sa course, je la rassurais en lui promettant de faire entrer son père dans la chambre dés que la situation serai moins gore. J'ai ouvert la porte et ai fait entrer son Papa qui tant bien que mal essayait de nouer sa blouse de papier sensée isoler sa fille du monde exterieur, une charlotte bleue sur les cheveux et les mains encore humides de solution hydro-alcoolique. Une chose à la fois, d'abords le SHA, ensuite le masque , la charlotte puis la blouse, je vais vous aider. Souvent les familles au bout de quelques jours ont acquis la maitrise de ses gestes et gagnent du temps sur l'horaire des visites en s'habillant rapidement. Ce que je crains pour ce Papa, c'est qu'il n'ai pas le temps d'apprendre à nouer sa blouse plus rapidement. D'habitude, quand je noue les blouses dans le dos, c'est le moment ou je tombe le masque, mon sourire se plombe tandis que la personne se retourne et me montre son dos mais cette fois-ci, c'est différent, le Papa m'appelle par mon prénom, je suis bien obligé de le regarder dans les yeux lui aussi.Ses yeux sont rouges également, le manque de sommeil, il est confiant et me souri "merci, heureusement que tu as l'habitude!!", je ne répond pas, j'ai envie de lui dire "dis à ta fille que tu l'aimes, surtout, n'oublies pas de lui dire combien tu l'aimes ensuite sort du service et hurle hurle, elle va mourrir, peut-être aujourd'hui, ton enfant qui n'a pas encore vingt ans" mais je n'en ai pas le droit, je serre les dents, il parait que nous devons dans notre métier garder une certaine distance, garder une certaine distance avec quoi? Avec l'humanité? Ce n'est pas possible sinon je ne ferais pas ce metier. Je laisse le papa entrer dans la chambre et me dirige vers l'acceuil, la Maman arrive, elle est en route, je respire, souffle pour essayer de contenir mes larmes, la distance, la distance...

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